Louise  Warren – Poète et essayiste

Léonise Valois, femme de lettres

Léonise Valois

Léonise Valois, femme de lettres
(1868-1936)

Il est vrai que le pseudonyme voile à peine son nom. Dans plusieurs critiques, on relève son identité véritable en se référant au dernier poème, « Profession de foi ». Léonise ne cache pas son patronyme et il lui arrivera de l’ajouter à son pseudonyme : « Atala-L. Valois ». Elle se livre plus librement, alors que les femmes commencent à publier davantage, alors qu’elle-même est plus connue et acceptée. La famille s’en dit .honorée ». Léonise peut donc aussi se servir de son nom, le pseudonyme n’étant plus un secret pour personne.
Et quand viendra le temps de lui rendre un ultime hommage, le pseudonyme sera confiné entre parenthèses, son nom prendra toute sa place, Léonise Valois sera reconnue comme femme de lettres.

(Extrait du chapitre 8, « Le choix d’un pseudonyme »)
Léonise Valois, femme de lettres. Un portrait. Incluant de nombreux inédits : poèmes, lettres et journaux intimes, Montréal, l’Hexagone, coll. « Itinéraire » 1993.

Maintenant en ligne

La note biographique de Léonise Valois, signée Louise Warren et incluse dans le Dictionnaire biographique du Canada, est maintenant accessible (janvier 2016).

Léonise Valois a été, en 1910, la première femme à publier un livre de poésie au Québec. Elle compte aussi parmi les pionnières du journalisme féminin. Tout au long de sa vie, elle reviendra constamment à la chronique et au poème, réalisant ainsi son rêve : être une femme de lettres. Une telle persévérance dans la volonté d’écrire devient alors exemplaire, dans le contexte social québécois du début du XXe siècle. À l’aube de l’âge de l’écriture des femmes, quelle était la vie d’une femme qui écrit?

Basé sur les témoignages des personnes l’ayant connue, fondé sur les faits et les documents, à la fois tableau d’époque, histoire familiale et chronique littéraire, ce portrait de Léonise Valois se lit comme un roman. De nombreux inédits – poèmes, lettres, journaux intimes – s’intègrent au fil du récit, diversifiant ainsi les points de vue.

Elle-même poète, Louise Warren signe ici le produit d’une quête minutieuse en même temps qu’un hommage vibrant à celle qui a ouvert une longue lignée d’écriture. En plus de susciter cette rencontre intime, Léonise Valois, femme de lettres apporte une contribution substantielle à l’histoire des femmes du Québec, à l’histoire littéraire, à la petite histoire. De plus, avec une première bibliographie consacrée à Léonise Valois, cet ouvrage constitue un instrument de recherche essentiel.

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

Léonise Valois, femme de lettres constitue un vigoureux témoignage qui s’inscrit dans cette volonté de réécrire L’histoire au féminin, à rebours s’il le faut, pour redécouvrir les personnages qui ont amorcé les luttes des femmes et leur ont indiqué la voie à poursuivre. Le lecteur sera ravi par le rythme et l’équilibre de l’essai […]. L’hommage posthume rendu ici par Louise Warren fera sûrement rêver l’écrivain qui sommeille en chacun de nous.

LUCIE JOUBERT
Spirale
1994

L’ensemble des critiques qui ont commenté Léonise Valois, femme de lettres me semblent être passés à côté de sa double originalité. Frappe en effet la manière qu’a choisie Louise Warren d’intégrer à son récit des textes publiés ou inédite de Léonise (poèmes, extraits de son journal et de sa correspondance), créant une sorte de dialogue entre textes et vie, un chassé-croisé tout personnel. De plus, elle situe le trajet de Léonise dans le contexter collectif de l’Époque (éducation féminine, émergence d’une certaine écriture des femmes dans les journaux et périodiques), de sorte que ses choix, ses audaces et ses timidités s’éclairent. […]
Généreuse et sensible, la biographie de Louise Warren est un modèle du genre.

LORI SAINT-MARTIN
Voix et Images
1994

Mention

1994 Léonise Valois, femme de lettres, finaliste au prix Edgar-Lespérance.

Exposition

Louise Warren a été conservatrice invitée de l’exposition Léonise Valois, femme de lettres. Une rencontre, au Musée régional de Vaudreuil-Soulanges (1987).

Le Fonds Léonise-Valois

En juin 2009, Louise Warren a remis le fonds Léonise-Valois, qu’elle avait constitué, à Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Accessible sous la cote P 834.

Interroger l’intensité

Interroger l'intensité

Interroger l’intensité
1999

« Dans l’atelier, la matière se met en mouvement. C’est ce mouvement que j’ai tenté de saisir. »

Dans l’atelier d‘écriture, Louise Warren livre une réflexion passionnée sur le travail de poète et décrit le processus de création à partir de sa pratique. Elle commente les textes, les œuvres et les pensées qui accompagnent sa démarche. Les mots étrangeté, intensité, réceptivité relancent constamment L’essai, jusqu’au dessaisissement qui éclaire toute expérience esthétique.

Dans la seconde partie du livre, la poète s’ouvre aux ateliers d’artistes actuels pratiquant la peinture, le dessin, la photographie, l’installation, la chorégraphie. À chaque rencontre, elle invente une nouvelle forme, fiction, commentaire, étude, poème, afin de rendre lisibles des œuvres qui, toutes, entretiennent des liens étroits avec les siennes. À travers ces voix multiples, l’essai lui-même apparaît comme un atelier de l’intensité.

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE
Interroger l’intensité, nouvelle édition : éditions Typo, 2009

Bijou finement sculpté, à garder sur sa table de chevet. Écriture et contenu d’une finesse remarquable. À lire et à relire.

CLAIRE LÉVESQUE
103,3 FM (critique radiophonique)
1999

Dans ce très beau livre intimiste, Louise Warren revisite sa propre écriture pour nous en faire saisir l’élaboration. Il ne s’agit ici ni d’une explication ni d’une justification; l’ouvrage, dont on hésite à dire qu’il est un essai tant la poésie du verbe y est présente, se veut plutôt une plongée encore plus profonde à l’intérieur de soi pour tenter de traduire l’ineffable, c’est-à-dire le plaisir de l’écriture dans l’élan de dépossession de soi qu’elle exige de l’auteure pour s’affirmer et devenir texte.

LUCIE JOUBERT
Arcade
2000

Artistes et écrivains (sélection)

Dans Interroger l’intensité, Louise Warren consacre quelques lignes, des pages ou des passages importants aux écrivains et artistes suivants.
Écrivains : Lou Andreas-Salomé, Gaston Bachelard, Roland Barthes, Yves Bonnefoy, Gilles Deleuze, Anne Hébert, Henri Michaux, Sylvia Plath, Rainer Maria Rilke.
Artistes : Claire Beaulieu, Violaine Gaudreau, Alberto Giacometti, John Heward, Sylvie Marceau, Monique Mongeau, Sylvia Safdie, Richard-Max Tremblay.
Chorégraphe : Lynda Gaudreau.

Mention

2001 Interroger l’intensité, mention d’honneur de la Société des écrivains canadiens (section Montréal).

Bleu de Delft

Bleu de Delft

Bleu de Delft. Archives de solitude
2006

Je ne fais pas un inventaire de mots, je travaille la lumière pour éclairer ma conscience. Je crois que chaque mot diffuse une clarté qui va de l’étincelle à l’incendie la nuit. À l’intérieur de ce spectre lumineux, il existe une multitude de variations possibles. Une collection de lumières.
(Extrait de « Lumière »)

PREMIÈRE ÉDITION : Bleu de Delft. Archives de solitude, Montréal, Trait d’union, coll. «Spirale», 2001.

RÉÉDITION : Bleu de Delft. Archives de solitude, Montréal, Éditions Typo, 2006.

Entretien

À lire : un entretien avec Louise Warren à l’occasion de la réédition de Bleu de Delft. Archives de solitude sur le site des éditions Typo.

L’essai propose à la fois l’épreuve, la tentative et l’effort, l’exploration et la découverte, juste assez de flânerie pour être disponible, à l’écoute, et curieux. Tant de possibilités puisque, dans chaque trait, se vit un lent processus de transformation, une sorte de voyage initiatique, comme s’il y avait un lieu dans l’écriture où l’on peut errer, les mains dans les poches, ou creuser, raturer, chercher, recommencer, avoir droit d’une certaine manière à plus que son dictionnaire, à son atelier et à soi-même comme forme, épreuve, matière. Enfin, je retrouve le plaisir de l’autodidacte. Je laisse courir, je ne retiens rien, je veux savoir où cette liberté conduit.

LOUISE WARREN
TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

Warren nous livre ses carnets un peu comme le peintre Vermeer ouvrit les portes de son atelier à sa jeune servante : on éprouve, devant cette ouverture, un mélange de curiosité, d’inquiétude et de désir de participer à ce qui semble de l’ordre du sacré. […]

Bleu de Delft est une belle invitation à tous ceux que l’écriture ou la création en général intéresse, une invitation à renouer avec le silence et à entrer en contact avec l’énergie de l’imaginaire qui permet de mieux supporter le monde.

GENEVIÈVE TOUSSAINT
Québec français
Été 2007

Cette entreprise « lexicographique », qui débouche sur une redéfinition des mots et des choses, dit l’essence même de l’acte poétique.

JALEL EL GHARBI
« Le mot qui mène au poème »
La Presse (Tunisie)
2006

Abécédaire de la pensée et du rêve, petit « parti pris des choses » (Francis Ponge) et des œuvres, scènes vues et lues, florilège de fragments, essai d’esthétique, art poétique ou poétique d’artiste, traité de choses vivantes, recueil de « pensées du poème » (Madeleine Gagnon), enfin, et selon le choix même de son auteure, « archives de solitude » : voilà divers dispositifs génériques et thématiques, que l’on pourrait tous superposer tant l’ouvrage échappe à quelque typologie convenue, et qui peuvent servir à désigner ce livre magnifique de Louise Warren.

PAUL CHANEL MALENFANT
Spirale
2001

L’ensemble est à la fois simple et riche, dans une tonalité sereine, proche des romans de Jacques Poulin, à qui Warren consacre de très belles pages, méditant sur la présence de Van Gogh et de son frère, notamment dans Volkswagen Blues. Plusieurs autres œuvres sont commentées, comme celle de Saint-Denys Garneau; les motifs de l’écriture de Warren en rappellent d’ailleurs souvent le versant clair.

La poésie colore l’ensemble à la fois comme manière et comme préoccupation. En effet, l’écriture est constamment ouverte et Louise Warren commente souvent sa pratique de l’écriture, évoquant volontiers ce qu’elle appelle son « atelier ».

FRANÇOIS DUMONT
Voix et Images
2001

Artistes et écrivains (sélection)

Dans Bleu de Delft. Archives de solitude, Louise Warren consacre quelques lignes, des pages ou des passages importants aux écrivains et artistes suivants.
Écrivains : Michèle Desbordes (La demande), Joël Des Rosiers (Vétiver), Emily Dickinson, Marguerite Duras, Saint-Denys Garneau, Flannery O’Connor, Jacques Poulin, Ernesto Sabato, Léonise Valois.
Artistes : Suzanne Dubuc, Alberto Giacometti, Angela Grauerholz, Alexandre Hollan, Vincent Van Gogh, Bram van Velde, Raymond Warren.
Auteur-compositeur-interprète : Claude Dubois.

Étude

Paul Chanel Malenfant. « Du bleu à l’âme » (sur Bleu de Delft. Archives de solitude), dans Spirale, nº 181, novembre-décembre 2001.

Mention

2002 Bleu de Delft. Archives de solitude, finaliste au prix Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec.

La trilogie des Archives

Bleu de Delft. Archives de solitude, essai, Montréal, Éditions Typo, 2006.

Objets du monde. Archives du vivant, essai, Montréal, VLB éditeur, 2005.

La forme et le deuil. Archives du lac, essai, Montréal, l’Hexagone, 2008.

À lire, au sujet des Archives : Élise Thierry, « La trilogie des archives de Louise Warren : archiver le moment », paru en novembre 2012 dans Les archives à l’affiche.

Le livre des branches

Le livre des branches

Le livre des branches. Dans l’atelier d’Alexandre Hollan
2005

Comment écrire encore sur votre œuvre, ai-je un jour demandé à Alexandre, après les si beaux textes d’Yves Bonnefoy ?

Avec la voix de votre lac Pierre, telle fut la réponse. C’était l’hiver, le lac était gelé, mais j’ai écrit ces quelques fragments.

Le livre des branches. Dans l’atelier d’Alexandre Hollan, Orléans, Éditions Le Pli, 2005.
(Diffusion pour le Québec : Flammarion)

Vivre dans l’atelier en l’absence de l’artiste constitue une expérience singulière. Poursuivant sa méditation sur l’œuvre du peintre Alexandre Hollan, la poète Louise Warren approfondit la rencontre dans une suite de fragments, entrecroisant les genres, du récit à la rêverie, de la description de l’espace à la pensée de l’œuvre. À travers les branches du texte, l’essai rejoint la poésie et l’atelier vide devient le lieu d’une révélation.

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

Les textes, les photographies et les renvois aux toiles et aux dessins de Hollan qui composent ce livre sont autant de branches, voire de traces, qui se conjuguent dans une pensée riche et dynamique sur la création littéraire et picturale.

KIRSTY BELL
Arborescences : revue d’études françaises (Université de Toronto)
2014

Texte disponible sur érudit: « Des ateliers et des arbres. Traces d’artistes dans Le livre des branches de Louise Warren»

Le regard sur l’arbre ainsi que le pratique Hollan et l’écriture par Warren se conjuguent dans un même mouvement de vie entre ombre et lumière.

NELLY CARNET
Le Mensuel littéraire et poétique (Bruxelles)
2006

C’est un bel essai, sobre et discret, sans prétention et profond, d’une légèreté d’écriture signalant la maîtrise du sujet, la proximité avec l’artiste, la voix juste et sans emphase, nécessaire pour faire entrer le lecteur dans cette oeuvre de haute tenue.

PIERRE-YVES SOUCY, poète et éditeur
(extrait de lettre)
2005

Objets du monde. Archives du vivant

Objets du monde

Objets du monde. Archives du vivant
2005

Être poète me permet de me situer dans l’intimité du monde. Dès lors, je peux parler d’un acte d’écoute et de consolation. La lumière qui parfois s’en dégage est ressentie comme une grâce, tant certains mots sont légers et d’autres fluides. Le poète se fait le récepteur et l’émetteur de tous les battements du monde, de toutes ses forces et de tous ses effacements. Voilà pourquoi il est important et utile pour une société de monter son attachement à ses poètes et de faire d’eux des êtres proches, qui ne craignent pas de tendre l’oreille vers la cendre et en ramènent des présences, des intensités, des sensibilités. Dans cet esprit de recueillement, j’ouvre à une pensée dont la forme, même dans les noirs les plus prononcés ou les plus lointains, serait gardienne de cette lumière, car il nous faut un monde où l’on puisse allumer des fruits.

Objets du monde. Archives du vivant, Montréal, VLB éditeur, collection « Le soi et l’autre », 2005.

Réception

« Il arrive que quelqu’un dise à notre place ce que nous aimerions tant écrire. »

Dany Laferrière, La Presse, 9 octobre 2005

« Je tiens Objets du monde. Archives du vivant pour un des grands livres de notre époque. Je suis sorti abasourdi par l’élégance du style, par la précision du regard, par cette façon excessivement… presque démocratique de s’intéresser à tout, que ce soit à une sonate de Mozart, à la mort d’une amie, aux nuages qui passent. Tout l’intéresse de façon placide et sereine. […] Elle tient un journal. C’est un journal de ses émotions et elle note tout. Elle note ses lectures. Elle note ses voyages. Elle note ses rencontres. Il n’y a presque rien. […] Elle s’appuie sur rien, sur le vide, sur le style, sur la précision de ses émotions. »

Dany Laferrière, émission Libre échange (Télé-Québec), 9 et 11 novembre 2006

« l’auteure nous parle des oeuvres des autres comme autant d’enchantements, de déclencheurs, de lumières pour son propre travail. »

S. D., Voir, 13 octobre 2005.

Entretien

À lire : un entretien avec Louise Warren à l’occasion de la parution d’Objets du monde. Archives du vivant sur le site des éditions VLB.

La forme et le deuil. Archives du lac

La forme et le deuil

La forme et le deuil. Archives du lac
2008

Mis en nomination pour le prix Études et essais de la Gouverneure générale 2008

Le deuil n’est pas seulement un état, mais une substance. Avec cela, j’écris. Il m’apparaît l’expression de création la plus inspirée et la plus profonde qui soit, car il sollicite chaque fois une grande part de notre engagement dans la vie, dans la reconnaissance de l’autre, son prolongement, rayonnement même de l’essence du souvenir.

Le deuil crée une autre vie autour de la mort et cette transfiguration est un mouvement dont les artistes possèdent les matériaux, car il ne s’agit pas de résister à la mort, mais de l’accompagner. La résistance est dans la forme. De ces os, de ces cendres, de cette poussière, je ferai une matière solide.
LOUISE WARREN
TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

La proposition de Borges, placée en exergue du livre et qui annonce qu’il faudrait se « mettre à la recherche d’éternités », porte toute l’écriture de Louise Warren. L’auteure crée des textes qui sont des respirations pensantes autour d’une mémoire sans cesse revisitée et d’un présent vécu dans l’intensité des sensations que la nature environnante peut lui offrir. Les diverses œuvres livresques, picturales ou sculpturales qui l’ont touchée, elle les honore en retour par des textes, de véritables offrandes. Ces écrits de mémoire sont des formes données au passé, qui éternisent un deuil et le subliment. La forme esthétise, fait advenir à la surface tous les motifs des deuils et ressuscite, en quelque sorte, ce qui a disparu.

Nelly CARNET, Spirale (article complet à www.spiralemagazine.com, numéro 227) (2009)

Warren façonne, entre lac et silence, une forme où l’expérience huimaine prend valeur de témoignage universel.

Béatrice LIBERT, L’arbre à paroles (Liège) (2008)

La descente méditative en soi-même et par soi-même semble ici impossible; la réflexion est nécessairement, avant d’être un retour vers soi, une lente inclinaison vers l’autre, une interrogation tendre, sans facilité mais sans pédantisme, dans une langue simple et sensible, qui cherche à cerner au plus près les idées en mouvement. Ce dynamisme est l’essence même du travail créateur, passage du deuil à la forme.

[…]

L’objet d’art n’est pas une réplique du vivant : c’est le modelé d’une absence. L’art s’alimente donc au deuil, c’est-à-dire à la mémoire de ce qui nous est cher et qui est pris dans le passé. De là l’entreprise archivistique de Louise Warren : conserver pêle-mêle, grâce à l’écrit, les souvenirs de tableaux et de photos, mais aussi les souvenirs de son lac changeant au gré des saisons et les souvenirs d’êtres disparus; ainsi dresse-t-elle, dès l’ouverture de son livre, le portrait admirable de sa tante, femme hors du commun qui l’a initiée aux arts, au voyage et à la pensée.

« L’art, les morts et le lac. Louise Warren cherche à saisir la spécificité de l’émotion esthétique »

David DORAIS, Le Devoir (2008)

L’essai La forme et le deuil fait preuve d’une grande sensibilité. L’auteure réussit à nous toucher par l’évocation de ses souvenirs et, aussi, par ses observations sur l’art et l’écriture. Louise Warren rejoint l’universel par ses descriptions empreintes de poésie et d’émotion.

JURY DU PRIX ÉTUDES ET ESSAI DE LA GOUVERNEURE GÉNÉRALE DU CANADA, OCTOBRE 2008

That Warren could describe so exactly the activity of reading in which I was at that very moment engaged confirmed my sense of her living presence within the book that I held in my hand. And I was ready – eager – to accompany her wherever she might invite me to follow. In actual fact, she had already opened her studio door to me and I had already crossed that threshold in the book’s opening pages, where she reflected on the passage from mourning to form. […]

The first two essays in Warren’s book together serve to introduce the work. In the first, untitled, she expresses the desire and intention to investigate the relationships between deuil and forme and establishes this investigation as one most meaningfully done in company; in the second, « Le fauteuil de lecture, » she situates the practice of reading in relation to her personal history, a history marked in this piece by a legacy of literary preoccupations and a specific loss (the death of her aunt Marraine). These are Warren’s starting points – a loss, an understandong that creativity responds to such loss, and a particular appreciation for the materiality of the book and the act of reading. […]

But what is this book? Like the two previous volumes in Warren’s Archives trilogy (Bleu de Delft: Archives de solitude [2001] and Objets du monde : Archives du vivant [2005]), La forme et le deuil is marketed under the rubric « essai. » But what is perhaps most engaging about this book is how it resists generic categories, nudging at the borders between prose and poetry, between critical essay and memoir, between lyrics and narrative, between exposition and commentary. Warren’s essays remind the reader of the work of celebrated essayists such as Montaigne and Woolf. […]

Indeed, Warren’s writing on art is remarkable. She has an incomparable gift for seeing and then stepping back just far enough to let the reader see what she sees. But this book does not read like a compendium of discrete essays culled from earlier publications; the texts are transformed by their inclusion and placement within this volume. As Warren describes the films she has seen, the books she has read, the art exhibits she has visited, the people and places she has encountered, she is inscribing her own delicate ventures into the materiality of language and into the shared spaces of memory, feeling and thought.

[…]

Toward the end of the final essay, Warren writes: « Je cuisine des potages pour une amie malade. J’écris dans le même esprit, nourrir le vivant « . This is a deeply honest book, personal but not private, a book of generosity and connection, a book that accompanies and nourishes life and the living.

Karen S. MCPHERSON, American Review of Canadian Studies (2009)

Communication sur La forme et le deuil. Archives du lac
Dans le cadre du congrès du Comité international d’études françaises (Cief), à l’hôtel Delta, à Montréal, une communication de Karen McPherson, de l’Université d’Oregon, portait le titre suivant :  » L’Écriture de l’accompagnement : La forme et le deuil : Archives du lac de Louise Warren « , le jeudi 1er juillet 2010.

Artistes et écrivains (sélection)

Dans La forme et le deuil. Archives du lac, Louise Warren consacre quelques lignes, des pages ou des passages importants aux écrivains et artistes suivants.
Écrivains : Abbas Beydoun, Yves Bonnefoy, Jorge Luis Borges, Michèle Desbordes, Stéphanie Ferrat, Dany Laferrière, Suzanne Jacob, Michèle Mailhot, Henriette Major, Octavio Paz, Maud Smith Gagnon, Laurent-Michel Vaché, Léonise Valois, Virginia Woolf.
Artistes : Mitchel Akiyama, Hiro Ando, Stéphanie Ferrat, Alexandre Hollan, Krochka, Beatrijs Lauwaert, Denise Lioté, Arié Mandelbaum, Farhad Ostovani, Stephen Sack, Anu Tuominen, Raymond Warren.

La trilogie des Archives

Bleu de Delft. Archives de solitude, essai, Montréal, Éditions Typo, 2006.

Objets du monde. Archives du vivant, essai, Montréal, VLB éditeur, 2005.

La forme et le deuil. Archives du lac, essai, Montréal, l’Hexagone, 2008.

Attachements. Observation d’une bibliothèque

Attachements

Attachements. Observation d’une bibliothèque
2010


Finaliste au Prix Spirale Eva-Le-Grand de l’essai 2009-2010.

Dans cet ouvrage qui tient à la fois du carnet de lectures, du journal d’écrivain et de l’inventaire, Louise Warren propose une autre forme de l’essai libre. Explorant la diversité de ses rapports au livre, décrivant les mutations incessantes de sa bibliothèque, elle élabore une sorte d’autobiographie par les livres, un portrait de l’auteure en lectrice. Enfance, jeunesse, études, travail, famille, voyages, création et deuil se lient à des auteurs et à des titres. Dans une composition éclatée, faite de boucles et de cycles, l’essayiste relance l’art du fragment. Sous l’égide de Montaigne et de Borges, l’essai s’élabore comme un labyrinthe où l’écriture nous emporte, toujours variée, toujours imprévisible. Au lecteur, à la lectrice le plaisir d’aller de découverte en découverte, d’imaginer ses propres attachements.

L’attachement au livre comme art de vivre.

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

À Joliette, automne 2024. Photographe : Christiane Beaudoin.

Comme chez Montaigne, le rappel par Louise Warren de ses lectures (ce qui constitue le projet d’Attachements) mène à l’évocation de souvenirs intimes, à la méditation philosophique, parfois à la transmutation de l’essai en poésie, et tout cela fait entrer en résonance l’affectivité du lecteur; si la prose de Louise Warren touche autant, c’est qu’elle s’y révèle elle-même d’une grande sensibilité. […]

L’Image du lieu totalisant revient quelques fois vers la fin de l’ouvrage pour synthétiser cette idée selon laquelle les textes sont des voies d’accès aux sensations, aux affects et aux souvenirs; le livre mène à un microcosme intérieur, qui reflète et contient le grand monde.

David DORAIS,  » Le livre microcosme « , University of Toronto Quarterly, 2011

Les lecteurs et lectrices de Relations ont le plaisir, depuis septembre 2010, de lire la chronique de Louise Warren,  » Je suis de ce monde  » (accompagnée des dessins de Sophie Lanctôt), où les livres se révèlent être de véritables compagnons de vie. Cette chronique est en quelque sorte le prolongement de ce livre. L’auteure nous y fait découvrir les liens intimes qui l’unissent à la centaine d’ouvrages qui composent sa bibliothèque, autant de rencontres relatées succinctement, qui nous communiquent le plaisir tout simple de vivre. Il importe peu que nous connaissions l’ouvrage ou l’auteur dont il est question, ils nous deviennent aussitôt familiers, leur compagnie agréable et désirable.

Jean-Claude RAVET,  » Livres de vie « , Relations, no 747, mars 2011

Bibliothèque, livres, poèmes, voix, images, souvenirs, tout dans la poétique de Warren se réinvente en paysage; le trait est écriture autant que peinture. Ce passage de l’un à l’autre se voit dans ce magnifique exemple d’un travail de deuil : alors que Warren se prépare à écrire sur l’oeuvre de Betty Goodwin, elle apprend le décès de cette artiste aimée. Dans la douleur ressentie, une  » écriture sans mots « , sorte de réduction maximale, d’origine de la création, se développe, se fait dessin,  » gribouillis de nids « , manière de couver, de protéger par une forme très concrète celle devenue en un instant, souvenir. Creuser un lieu d’accueil, de repos, est peut-être ultimement le sens de tout livre, de toute oeuvre.

Manon PLANTE,  » Forme minimale « , Spirale (Montréal), no 234, automne 2010

J’adore tomber sur ces livres que j’aurais voulu écrire. […] C’est le cas de Attachements – Observation d’une bibliothèque.

Chantal GUY, La Presse (Montréal), le 12 mars 2010

Son émouvant Attachements, un texte sur l’observation de sa bibliothèque, étonnant et intime. […] C’est un bonheur à lire et c’est un livre qui nous oblige à penser à ce qu’on est par rapport à une bibliothèque.

Christine BROUILLET, émission Vous m’en lirez tant (Première Chaîne de Radio-Canada), le 23 mai 2010

Louise Warren excelle à nourrir des fragments qui ouvrent sur tant d’univers, de pistes balisées ou non. Ses Archives du lac nous avaient déjà conquis. […] Un livre qui ouvre sur d’autres pages, n’est-ce pas l’ouvrage rêvé?

Béatrice LIBERT, L’Arbre à paroles (Belgique), juin 2010 (en ligne sur maisondelapoesie.be)

Je suis souvent debout, face à ma bibliothèque, en quête d’une révélation ou d’une apparition. Comme devant un paysage, je médite en laissant mon regard parcourir les lignes horizontales des tablettes, verticales des livres. Rangées de voix, de spectateurs, balcons étagés : ma bibliothèque est un théâtre. C’est par cette magnifique ouverture que nous pénétrons dans le dernier ouvrage de Louise Warren, poète et essayiste québécoise qui se penche ici sur les différents aspects de son existence (enfance, vie amoureuse, maternité, deuils, voyages, écriture…) par le biais du dialogue qu’elle entretient depuis toujours avec les livres, de son parcours de lectrice.

D’Alberto Manguel à Michel Tremblay, les exemples de journaux ou d’autobiographie de lecteurs ont foisonné au cours de la dernière décennie, les  » livres sur les livres  » étant devenus un genre littéraire en soi. Qualifiés d’essais libres, avec leur architecture à première vue décousue, ces Attachements de Warren s’en distinguent par un art assumé du fragment, fragment de prose où se amnifeste l’expression vive d’une idée, d’une émotion ou d’une sensation liée à une lecture particulière et à son impact sur l’univers et l’oeuvre de l’auteure.

Éric PAQUIN, Voir (Montréal), le 1er avril 2010

À relire

En janvier 2021, le traducteur Daniel Cunin a reproduit sur sa page littéraire Flandres-Hollande le texte « Pensées de Flandre », d’abord publié en 2010 dans une revue néerlandaise puis repris dans Attachements. Observation d’une bibliothèque. Il a ponctué sa présentation de plusieurs couvertures de mes livres, ajouté des liens conduisant à l’exposition du Musée d’art de Joliette et complété par une bibliographie de mes écrits en rapport avec la Belgique. Je vous invite à parcourir son site.

Apparitions

Apparitions

Apparitions. Inventaire de l’atelier
2012

Apparitions. Inventaire de l’atelier, Québec, Nota bene, « Nouveaux Essais Spirale », 2012, 115 p.

Je suis si engagée dans l’écriture de ce livre qu’il m’arrive d’imaginer des virgules entre les pierres du sous-bois.

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE

À ÉCOUTER : une chronique d’Étienne Beaulieu, diffusée sur CKRL, une radio de Québec, le 14 septembre 2020, en cliquant ici. (De 11:05 à 25:05)

Louise Warren dresse plus qu’un simple inventaire de son atelier; elle dessine une sorte de portrait poétique de cet espace qui l’ancre dans le présent et qui veille à sa production littéraire. Dans une écriture qu’un critique qualifie de « dense et lumineuse », Warren présente ses réflexions sur de nombreux sujets – l’écriture, la danse, la nature, les objets, l’amitié, l’art visuel, entre autres – en strates tout au long du volume. […] À travers les 350 fragments écrits et les 3 pages de photographies d’objets, Warren présente un livre personnel qui cherche à cerner les mouvements et les moments de l’écriture ainsi qu’à explorer les pensées, les affects, les espaces et les objets qui mènent à la création poétique.

KIRSTY BELL, dans La présence : discours et voix, image et représentation, Presses universitaires de Rennes, La Licorne 121, 2016

L’essai Apparitions contient trois pages de photographies en couleurs, trois planches présentant, comme des insectes ou des herbes, des objets disposés sagement en deux colonnes sur fond blanc : tasse métallique, carafe transparente, kilim rayé, clef moyenâgeuse… Leur disparité et l’arbitraire de leur avoisinement provoquent des chocs imaginaires semblables à ceux que produit un cabinet de curiosités. Sa collection, Louise Warren la peint ainsi : « Un musée réduit à l’expression d’un théâtre intime […] Pas seulement une collection d’objets, mais une manière de rêver. »

DAVID DORAIS, University of Toronto Quarterly, vol. 82, no 2, 2014

Les évocations des sources matérielles d’inspiration, tant des objets inanimés que des indidualités végétales ou animales, sont d’une belle sobriété et peuvent ressembler à leur façon à des poèmes, même si elles n’y prétendent pas. […] Au fait, la poésie de Louise Warren est généralement limpide, peu confinée dans le désespoir, proche de la nature et des choses familières, ce qui n’empêche nullement son originalité, loin de là. On s’explique mieux, à la lecture d’Apparitions, les raisons de ce discours à la fois simple et aux antipodes de la banalité, tout entier voué à une célébration immédiate de l’essentiel.

ANDRÉ BROCHU, Voix et images, vol. XXXIX, no 1, automne 2013.

Quelque chose comme une force tranquille émerge de ces notes d’atelier.

SAMUEL MERCIER, Lettres québécoises, été 2013

Louise Warren met le temps et le soin qu’il faut pour que le lecteur vive, en quelque sorte, le présent de la création. Elle le fait avec la grande générosité de qui ne craint plus que se taisent à jamais les voix fragiles « que nous hébergeons » parce que dans la solitude elle a appris sa façon de les accueillir. Elle libère ainsi le travail du poème d’un inutile mystère et témoigne des diverses « traversées » que l’écriture suppose. Cette transparence touche et favorise la fréquentation de la poésie. Son essai constitue un précieux témoignage sur la création, à la fois dévoilement authentique et leçon d’humanité.

HÉLÈNE LÉPINE, Nuit blanche, avril 2013

Louise Warren, avec Apparitions. Inventaire de l’atelier, poursuit son travail de fine observatrice : des objets et éléments de la nature qui l’entourent et l’inspirent ; de leur place dans son quotidien ; de leur imaginaire intrinsèque ; mais aussi des états de flottement, de dessaisissement qui la prédisposent à la création ; et de l’espace à créer pour que le poème le comble.

VALÉRIE LESSARD, Le Droit, 8 décembre 2012

Dans cet essai, [Louise Warren] cherche à cerner où naît le poème, à établir les différents mouvements qui mènent à l’écriture, qui font la poésie. Finalement, elle va la faire apparaître aussi. […] Ce sont des fragments, de courts paragraphes de prose poétique, qui sont tous indépendants, mais interreliés dans cette grande structure en mouvement. Près des aphorismes, mais plus près encore du flou et du flottant, qui sont des thèmes qu’elle aborde à travers l’essai.

Elle parle des fragments même, de cette forme-là et de sa méthode de travail. […] Elle scrute aussi sa correspondance avec les objets. Elle dit comment son regard tombe sur les objets, comment ils l’interpellent, ce qu’ils évoquent en elle. […]

C’est une lecture profondément pertinente pour tous ceux qui créent, […] un véritable délice pour ceux qui aiment la poésie et les mots, pour ceux qui aiment lire comme on voyage, sans itinéraire.

MARIE-PAULE GRIMALDI
CIBL-FM 101,5 (Montréal)
7 décembre 2012

Savouré Apparitions. Inventaire de l’atelier de la poète Louise Warren (éditions Nota bene). Un livre par fragments, rempli d’aphorismes ou de longue phrases qui tournent autour de l’acte créateur d’écrire. Très XXIe siècle, le fragment : « Rêver un livre est si fort. Une présence insistante. Devant elle, je ne peux plus reculer. Je m’y attache. Parfois, je l’imagine comme une excroissance de mon cœur. Tout bat si vite tout à coup. J’oublie les mots, je ne fais que suivre cette force inconnue, ancienne, qui me tire à elle. » On dit que c’est un essai, moi j’y vois plutôt une réussite.

JOSÉE BLANCHETTE, Le Devoir, 9 novembre 2012

La vie flottante

La vie flottante

La vie flottante. Une pensée de la création
2015

Coup de cœur Renaud-Bray 2015 !

La vie flottante. Une pensée de la création, essai, Montréal, Le Noroît, 2015, 160 p.

Prix Littérature des Grands Prix Desjardins de la culture de Lanaudière 2016.

Finaliste au prix Oeuvre de l’année du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la région de Lanaudière 2016.

Finaliste des Prix du Gouverneur général 2016 dans la catégorie Essais.

On peut habiter la joie, la couleur, et l’explorer comme un espace, comme j’appartiens à mes objets, à la pensée, au silence. J’appelle pensée la disponibilité au surgissement des formules, qu’elles soient perceptions, oracles ou poèmes, fragments prélevés. Le choix de l’écriture fragmentaire permet de telles saisies et les isole dans leur force d’expression. Elle correspond au monde, qui ne nous apparaît que par fragments.

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Avec La vie flottante, Louise Warren livre un essai sur la création poétique d’une grande beauté. Le mouvement entre réflexivité et création est presque continu, explorant tour à tour le paysage, les déplacements, les lieux d’habitation et le corps.

Élise Lepage. « Poésie », University of Toronto Quarterly, vol. 86, nº 3, été 2017.

L’enseignement de la création, tout comme celui de la poésie, posent entre autres défis celui de susciter un éveil quant à la conscience du corps – du lieu qu’il habite et de sa place dans le monde. Il en va d’un périple pour permettre à l’être de se trouver « une manière d’occuper le peu d’espace qui [lui] est attribué et de l’agrandir ».

L’essai La vie flottante de Louise Warren donne directement accès à ces enjeux de la création en illuminant les lieux du poème par des fragments poétiques et réflexifs. Réel déclencheur d’introspection et d’écriture, il ouvre une fenêtre par où accéder à soi.

Patrick Lafontaine. « La vie flottante. Une pensée de la création. Un essai comme une une maison où habiter la pensée et écrire son voyage », Infolettre L’enseignement du poème, Noroît, automne 2016.

Écrire sur le poème depuis le poème, sur la création depuis son émergence, poser la réflexion sur ce seuil, dans le passage où la pensée devient poème, et voir le poème arriver : le nouvel essai de Louise Warren s’échafaude entre audace et délicatesse. « Le fragment, comme une carte, prend la mesure du territoire. » Or c’est une carte intuitive qui nous est offerte, le livre en lui-même nous faisant vivre l’expérience de l’espace de la pensée, qui sans cesse circule. Tracer par les mots le territoire de l’écriture, ce lieu bâti de la rencontre entre soi et le monde, fait d’échos et de résonances avec les paysages, les demeures et les corps, est une entreprise que la souplesse et l’attention inhérentes au flottement épousent avec grâce. Avec La vie flottante. Une pensée de la création, Warren pousse la réflexion dans tout ce qu’elle a de sensible, puisqu’il s’agit de faire éprouver la sensation de l’écriture du poème, ou plutôt de la pensée du poème, et d’une vie qui lui est consacrée.

Marie-Paule Grimaldi. « Traversée de la pensée créatrice » (sur La vie flottante. Une pensée de la création), Spirale, nº 257, été 2016.

À lire, sur le blogue Le fil rouge, un entretien avec Raphaëlle Mirandette autour de La vie flottante.