Noyée quelques secondes
1997
l’eau sous l’eau
s’ouvre
autour d’elle des forces
des ponts de lumière
des tapis roulants
elle se fait de la musique
une idée du bonheur
quand le rythme l’emporte
la soulève
et qu’elle sent le monde
bouger à l’intérieur
traversée
envoûtée
par le rythme elle danse
apaisée
entre les eaux vivantes de son corps
la musique oui
nul besoin de métronome
le cœur seul
bat
écoute écoute
Noyée quelques secondes, Montréal, l’Hexagone, 1997.
Inspirée par la voix austère de Sylvia Plath, Louise Warren entreprend une descente périlleuse au creux de la mémoire dans Noyée quelques secondes. Ce long poème correspond à un souffle plus retenu que les proses poétiques du Lièvre de mars. Formellement, l’œuvre se présente sous la forme d’une immense chaîne de mots qui se répondent entre eux. […] Warren puise dans la forêt de l’enfance et du rêve pour donner naissance à son univers poétique. À l’image de la pierre qui tombe au fond du lac, la vie intérieure bascule afin de retrouver les moments essentiels de l’existence. Ponctuant le texte, la force dévastatrice de l’eau soulève les énergies inconscientes, de même que les motivations secrètes du désir.
DAVID CANTIN
Le Devoir
1997