La pratique du bleu
2002
Emplie de silence, d’herbes flottantes, de traits légers, j’essaie de ne pas mourir. J’imagine une sieste dans un hamac profond, un ciel où rien ne pèse. J’essaie le mouvement lent des arbres, j’essaie la joie. Je me prête au monde et n’appuie sur rien. J’oublie. J’accomplis quelque chose.
La pratique du bleu, Montréal, l’Hexagone, 2002.
La pratique du bleu, c’est une ouverture à l’invisible où, peut-être, sans doute, l’essentiel de nos vies se trame; c’est l’urgence de ressentir pleinement les textures du vivant.
Dans cette prose poétique où l’on reconnaît l’élégance, la finesse et la précision qui nous avaient conquis dans Suite pour une robe, La Lumière, l’arbre, le trait et tant d’autres depuis L’Amant gris, l’auteure suggère l’expérience sensorielle comme passage vers une réalité seconde. À travers les inquiétudes, les regards perplexes jetés sur l’environnement immédiat, le bleu apparaîtra moins comme une couleur que comme un lieu, une consistance nouvelle où le calme de l’âme est possible.
TRISTAN MALAVOY-RACINE
Estuaire
2002
« Chaque jour on recommence, à partir des mêmes archives de solitude. » Cette phrase de Louise Warren annonce le début d’une quête où le présent gravite autour des multiples nuances émotives. L’écriture devient alors le lieu d’une remise en question, d’un doute qui s’élance à travers une forme d’apaisement. On découvre ainsi dans La Pratique du bleu une prose qui va à l’essence même d’un trajet subtil et inquiet. Il faut peut-être le rappeler : le bleu est la plus profonde des couleurs. Par le biais de la rêverie, les contrastes révèlent une promesse à tenir face au monde.
Tout semble très calme dans ce quinzième recueil de Louise Warren : le rythme de la prose, les images fluides, voire l’espace qui ne cesse de s’ouvrir sur la transparence des gestes attentifs. Plus que jamais, cette poésie murmure un ébranlement existentiel. Elle laisse de côté les détails anecdotiques afin de mieux suivre les contours d’une expérience charnière. Ceux qui ont déjà parcouru Bleu de Delft reconnaîtront sans doute l’autre versant de ce très bel essai.
DAVID CANTIN
Le Devoir
2002
Voici un recueil dont chaque mot vibre sous l’effet de la familière et mystérieuse vie qui traverse le quotidien. Un texte beau comme un croisement rêveur d’images de présence et d’absence, un texte qui dessine et réunit l’énigme de vie qui habite nos plus petits gestes. Un livre envoûtant qu’on aimerait pouvoir citer tout entier tant chaque phrase séduit comme un secret demeuré secret et qui pourtant vient tout naturellement à notre rencontre.
NICOLE BROSSARD (présidente), JEAN-MARC DESGENT et GÉRALD GAUDET
Jury du Grand Prix 2003 du Festival international de la poésie de Trois-Rivières
2004 La pratique du bleu, finaliste au Grand Prix du Festival international de la poésie de Trois-Rivières et au prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec.
Extraits de La pratique du bleu (traduction espagnole) dans Barataria (Buenos Aires, Argentine), 4e année, nº 7-8, décembre 2002.