La lumière, l’arbre, le trait
2001
Et tu pars, vêtue d’abstractions
et d’étranges prières
rendre visite aux morts
Je te regarde t’en aller
dans une solitude pure
drapée de lumière et
chargée d’oubli
Dans ce dédale de trous
tu ne penses qu’au vert des feuilles
des barques, des maisons d’été
à un théâtre de carton
où silencieuse
tu couchais ta peine
au pied des arbres
des forêts, puis
comme au commencement de l’amour
tu dépliais la nappe
et attendais que le monde
se renverse dans tes cheveux
À présent
à présent encore
tu déposes des herbes fines
et des pétales
entre les pages des livres
qui te font don de leur présence
jusqu’à s’achever en toi
entre les plis de ton front
tout ce que tu ignores
sème le désarroi
en dessous de ta langue
De qui es-tu l’ombre
toi qui n’as pas les yeux bleus
avec qui es-tu profondément liée ?
La lumière, l’arbre, le trait, Montréal, l’Hexagone, 2001.
Comment arrive le poème et comment va-t-on vers lui? L’impulsion et le désir qui constituent l’appel au poème, et l’assignation à la tâche d’écrire sont les sujets abordés dans ce recueil de Louise Warren. L’écriture, superbement maîtrisée, pénètre avec justesse et sensibilité le mystère de l’inspiration poétique par l’évocation de l’amour, de l’enfantement et de la mort.
PAUL CHANEL MALENFANT, LOUISE DES JARDINS et JOCELYNE FELX
Jury de poésie des Prix littéraires du gouverneur général du Canada 2002
2002 La lumière, l’arbre, le trait, finaliste au prix de poésie des Odyssées du livre et au prix de poésie du Gouverneur général du Canada.
Extraits de La lumière, l’arbre, le trait (traduction anglaise et espagnole) dans Prometeo. Revista Latino americana de Poesia (Medellin, Colombie), nº 62-63, juin 2002, p. 211-215.