Louise  Warren – Poète et essayiste

Comme deux femmes peintres

Deux femmes peintres

Comme deux femmes peintres
1987

La vraie nuit commence à l’extérieur. Sensible et amoureuse en dedans. Mes yeux s’habituent au noir et voient, libérés des cercles d’or et des surfaces de verre.
Voir et ressentir. Tout à fait vivante, la rétine.

J’accepte la lenteur du souffle à venir et ce silence d’encre pour la passion de regarder et de trouver beau.

Comme deux femmes peintres, Montréal, Nouvelle Barre du jour, 1987. Épuisé.

Deux femmes peintres, certes, l’une par le journal et les mots, l’autres par la toile. Mais le titre le justifie pleinement. Celle qui écrit reconnaît ainsi le sens – pour elle – de ces notes : « Journal. Fragments. Pour ne pas me perdre. » […] Louise Warren nous emporte, nous ravit, dans un ailleurs et avec des moyens qui nous « semblent » minimalistes. Phrases brèves. Précises. Simplicité du quotidien. Pas d’explications. Pas de débordements. Pas de conceptualisations. Pont d’analyses de motifs. Elle décrit. Et cependant cette filigrane, dont l’économie paraît si sage, si mesurée, produit l’effet inverse : elle déchire un imaginaire, le fait déborder, nous déplace en aval de ses impulsions. Elle offre en un sens des miniatures mais ces miniatures sur une amitié et ses partages (voyage en Irak, incident dans un autobus, le saxophone de Gato Barbieri) nous donnent, à travers le fragmenté et le fragile et peut-être même le minuscule, le sens de ce qui n’a pas de prix et ne peut qu’être vécu, sans jamais revenir. Un beau texte.

CAROLINE BAYARD
Lettres québécoises
1987

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