Louise  Warren – Poète et essayiste

Tableaux d’Aurélie

Tableaux d'Aurélie

Tableaux d’Aurélie
1989

Il y a deux Aurélie.

Il y a d’abord la narratrice, celle qui écrit comme elle peint, celle qui traverse les fragments, celle qui exorcise la mort, celle qui aime.

Et il y l’autre, l’ancêtre, l’inconnue, à l’origine des histoires familiales, au terme d’une lente descente dans le passé, à la source de l’énergie créatrice.

« C’est là, enfouie sous des croûtes de couleurs, que je découvre petit à petit qui je suis. »

TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE
Tableaux d’Aurélie, Montréal, VLB éditeur, 1989. Épuisé.

C’est par les yeux qu’il faut peut-être tenter de déverrouiller le livre clos de Michelle. Parce qu’elle peint, et qu’entre les bribes d’un récit qui saute du doute à l’émoi, elle colore les pages de mots de peintre, et il me semble presque y voir ses empreintes, taches de fusain et du pastel dont elle remplit ses toiles. Textures, couleurs, formes, gestes semblent donner naissance aux phrases et aux mots. […]

Si les Tableaux d’Aurélie ont quelque chose de l’ébauche, ils sont tout de même exécutés d’une main sûre et d’une écriture infiniment délicate, comme cette image des dernières pages qui me poursuit encore : « Au bas des toiles, mon nom peint, par petites touches, comme si je soufflais dans la fourrure d’un chat. »

MARIE-CLAUDE FORTIN
Voir
1990

Mention

1988 Tableaux d’Aurélie, finaliste au Grand prix littéraire Guérin.

Études

Lucie Lequin. « Elle écrit la lumière : Louise Warren et l’écriture de l’œil », dans Dalhousie French Studies, volume thirty-one, summer 1995.

André Lamarre. « Louise Warren. L’atelier des écritures », dans « La relance de l’écriture. Une fonction de l’écrit d’art en poésie québécoise », dans « Poétique du pictural », Littératures, nº X, printemps 1999.

Nuage de marbre

Nuage de marbre

Nuage de marbre
2006

Quand l’imaginaire rencontre un autre imaginaire, une création a lieu. Du sens est donné, parfois de l’éternité. L’éternité est circulaire. C’est cela que m’ont appris les doigts du pianiste vibrant dans l’air, certains textes, et aussi le toucher d’une céramique que l’on tourne dans sa main ou le bras allongé d’un danseur trouant l’espace. Le regard et la voix, l’écoute, le temps aboli, l’avancée des nuages sont les instruments de cette quête, en soi inépuisable.

Nuage de marbre, Montréal, Éditions Leméac, coll. « Ici/l’ailleurs », 2006.

Composé en hommage à l’écrivaine française Michèle Desbordes, décédée le 24 janvier 2006, le texte de Louise Warren nous invite à méditer sur la perte d’un être cher, le poids du souvenir, le rôle de l’écriture et celui de l’art

Dans cette dernière lettre qui n’atteindra pas sa destinataire, les fragments du voyage hantent Nuage de marbre, dévoilant la gratitude d’une histoire partagée, et la tentative si humaine de donner à la vie une résonance au-delà de la mort; le présent continue d’avancer, les nuages flottent. Ainsi les tableaux se succèdent au gré des mouvements de la mémoire pour finalement dessiner un récit d’une profonde intensité poétique.

Louise Warren nous rend présente l’absence; des lieux elle fait des visions, de la rencontre un accompagnement et de ce texte un magnifique chant offert à la disparue.

(TEXTE DU QUATRIÈME DE COUVERTURE)

La scansion incantatoire de ce récit nous mène à ne pas lâcher jusqu’à la dernière phrase.

Nelly Carnet, Le Mensuel littéraire et poétique (Bruxelles), no 347, février 2007

C’est un livre qui invite au recueillement, à la rêverie, à la pensée. C’est un appel à la beauté. Et une ode à l’amitié. C’est le genre de livre qui nous enveloppe, nous emporte. Nous ouvre des portes.

Danielle Laurin, Le Devoir, 6 janvier 2007

« C’est très bien de pouvoir fréquenter quelqu’un qui tient le registre des états d’âme de notre époque et qui nous fait voir que ce que nous voyons, toute cette agitation qui se fait dans les journaux, les Bush, la guerre en Irak, toute cette saloperie, ne tient à rien. C’est tout simplement que nous ne voyons pas du bon côté, du vrai côté, c’est-à-dire du côté de Louise Warren. »

Dany Laferrière, émission Libre échange (Télé-Québec), les 9 et 11 novembre 2006

C’est tout un univers sensible qui s’ouvre au lecteur comme s’il portait attention pour la première fois à ce qui est tenu pour la banalité de la vie, attaché à chaque instant intraduisible et pourtant si chargé, si dense […].

Ce sont les visages qui reviennent de la mémoire dans ses instants les plus vifs, ce sont les autres et l’autre qui prennent place dans ce monde touché par la parole qui le nomme et qui le prend avec elle : c’est « la parole, comme un sursaut de l’esprit » qui « me faisait revenir à moi ». Nous sommes dans l’éclatement vertigineux du sensible, de la sensation.

PIERRE-YVES SOUCY, poète et éditeur
2006