Louise  Warren – Poète et essayiste

Recueillir

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Le Noroît, 2025

Lotier corniculé, herbier de Audrey Murray, 2024. Photographe : Éliane Excoffier.

TEXTE DU COMMUNIQUÉ :

Dans une forme ouverte et libre, où surviennent plusieurs visites de l’inattendu, Recueillir de Louise Warren offre l’histoire d’une écriture vécue au présent. D’abord, les gestes d’origine : lire, souligner, prélever, découper, coller. Depuis les premiers journaux, le geste d’écrire est marqué par la pratique du collage et de la citation. Puis, l’attention de l’écrivaine s’élargit aux autres quêtes qui la tiennent en alerte. Les retours de sa mythologie intime. La réflexion sur le fragment. Les échos des livres et de ses lectures. Le rêve, qui accompagne la recherche. L’art poétique et la pensée de la création en acte.

Enfin la contemplation, la méditation. Au terme de la traversée, dans un nouvel espace de lenteur et d’écoute, des poèmes apparaissent tels des lichens retenant et nourrissant le sol.

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Écrire pour prendre soin du présent, du vivant, du plus petit ou de l’invisible, tel est mon engagement, tel fut mon abandon, telles sont mes marques d’amour. Je me suis souvent servie de mes incertitudes comme outils de création ou comme moteurs de recherche. Il arrive que l’insomnie ou des rêveries prennent le relais de l’écriture et veillent sur ces énergies de l’ombre, ces mondes du dessous.

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Chez Louise Warren, la pensée est concentrique, c’est-à-dire que plusieurs thèmes reviennent d’une œuvre à l’autre et sont approfondis au cours des quatre décennies d’écriture. Son œuvre se déploie en journaux de pensées, en réflexions sur la création, inventaires de formes. Elle se construit d’une manière organique, si bien qu’un livre en appelle un autre. Tout se construit dans la continuité.

Recueillir se présente en fragments et en vers, et taille ainsi une place à l’essai et à la poésie.

SARAH-LOUISE PELLETIER-MORIN, « Louise Warren en état de grâce », Le Devoir, le 1er février 2025.

La ligne d’incertitude

La ligne d'incertitude

La ligne d’incertitude
2023

vois
tu es entourée

la matière palpite

réclame
tes mutations
la traduction du monde

La ligne d’incertitude, Montréal, Noroît, 2023.

Le geste d’écriture résulte-t-il d’une tentative d’appropriation du vivant ? Projet ambitieux, serait-il arrogant s’il n’était dicté que par une humilité qui s’appuie, justement, sur l’incertitude ?

C’est la quête de cet équilibre qui anime les vers chantants et néanmoins vulnérables. Conscience intranquille de notre existence, il est non seulement chemin, contemplation, mais aussi façon de s’inscrire dans le vivant sans s’y imposer. Louise Warren fait la paix avec notre présence – les deuils, les transformations, les travers – et la célèbre, avec tout ce qui bat avec nous : « vois / tu es entourée // la matière palpite // réclame / tes mutations / la traduction du monde ».

ANNICK MARCOUX, « Embrasser les pluies de l’aube », Lettres québécoises, no 191, décembre 2023.

Dans le dépouillement de son écriture, Louise Warren accorde à chaque mot une réelle densité, une vibration unique. Elle se saisit de ces fragilités, tremblements et mouvements de toutes sortes pour apercevoir les lignes de fracture. […]

Chacun des poèmes résonne au diapason de son écoute attentive : le sol recule, la lumière soulève les formes, les ronces percent l’air, l’iceberg parle, la roche devient présence , la neige s’amplifie, les traces disent le réel.

MARIO CLOUTIER, « L’écoute inquiète du monde », La Presse +, le 21 octobre 2023.

Louise Warren aime tenir le moindre objet comme porteur d’un message. […] Calme préhension du vivant, de l’en dessous des apparences. Ce regard intérieur rend disponible la parole minimaliste. […] Très bellement édité, […] ce recueil s’inscrit haut dans la production de cette autrice.

HUGUES CORRIVEAU, Le Devoir, le 19 août 2023.

Il y aurait tant à dire sur ce très beau recueil. […] Les poèmes de La ligne d’incertitude semblent sourdre tout lentement du silence ainsi que d’une solitude vécue […]

Tant ils donnent à voir, on finit par regarder les poèmes de Louise Warren autant qu’on les lit. En fait, dans leur toute simple brièveté, ils n’en finissent plus d’être et de s’inscrire dans une manière de signifiance pure, telle qu’on dirait avec eux les mots libérés de leur banale et usuelle fonctionnalité. Lire et voir.

Ces poèmes ressemblent aux œuvres visuelles, résolument modernes, contemporaines que l’on découvre dans les galeries d’art. Je parle de dessins ou toiles semblables justement à l’illustration courant sur la couverture du recueil. On la doit à Julie Bénédicte Lambert. On y voit des lignes dans lesquelles on peut lentement glisser le regard, laisser danser notre lecture. Une abstraction semblable se rencontre chez Louise Warren. […]

Voilà porté à sa plus simple et parfaite expression l’art du raccourci et de la discrétion.

DANIEL GUÉNETTE, Le blogue de Dédé blanc-bec, le 16 août 2023.